FETE DES VOISINS .. Boudiou ! Y r'mettent ça !

Chers Voisins,

C’est avec attention que j’ai pris connaissance de votre torchon affichette me conviant, ainsi que tous les parasites gentils locataires dont je subis la promiscuité profite de la présence à longueur d’année, à la « Fête des Voisins ». 

Par cette lettre, que j’ai pris soin moi aussi d’afficher dans une zone non réservée à l’affichage, je vous informe que je ne pourrai malheureusement pas être de la partie.

Vous êtes déçus, c’est bien normal, c’est pourquoi je me dois de vous exposer ici les quelques motifs qui me poussent à décliner votre pitoyable charmante invitation.

C’est pour des raisons médicales que je ne pourrai me rendre à votre petite beuverie fiesta. En effet, après de longues années de résidence dans cet immeuble HLM que nous partageons, mon état de santé mentale s’est grâce à vous dégradé au même rythme que les locaux que nous fréquentons en commun.

L’ascenseur, que je n’empruntais plus, évitant ainsi de vous croiser et de respirer vos odeurs de sueur, d’urine et d’haleine cariée m’est finalement devenu le seul échappatoire aux témoignages crasses de vos existences polluantes. Pour m’extraire de notre taudis immeuble, j’ai dû, pendant un temps, me résoudre à emprunter la cage d’escaliers. Habitant au 7^ème étage, j’ai dû abandonner l’idée de descendre en apnée ;  mais même lorsqu’un rhume salvateur vient m’épargner vos effluves vomitives, la vue de vos « traces de vie » me rend nauséeuse.

A chaque pallier, vos petites manies m’agressent l’œil et rongent un peu plus ce qui me reste de santé mentale :

-       -  la-vieille-au-judas qui observe tout ce qui va et vient et ouvre grand sa porte à votre passage pour placer son laïus météorologique ou trucider verbalement tout être humain n’ayant pas la peau couleur cierge de Pâques,

-        -  les couches pleines, à peine roulées en boule sur le paillasson d’une famille vraiment très nombreuse… il arrive que des enfants jouent avec ; mais ces changes complets n’ayant pas les mêmes propriétés qu’un ballon de football, il est courant que le pallier concerné soit transformé en patinoire,

     -  une porte grande ouverte, un bébé sur le seuil, suçant le talon de chaussure que sa mère hurle ne pas retrouver alors qu’elle est elle-même, jupe relevée, sur le trône, un pied nu et un sourire idiot accompagné d’un « bonjour Madame » (qui se veut distingué) à votre passage,

     -  les ordures sur le paillasson, plusieurs sacs poubelle, pas fermés… et quelques fois, il n’y a même pas de sac,

     -  les petits messages de soutien accrochés aux portes « la prochène foi j’appel les flics »,

     -  les petites flaques (ou plus) laissées par des toutous qui ont dû aboyer fort longtemps afin     que leur maître propriétaire accepte enfin de les faire sortir,

… pour enfin arriver près du but, le RDC, plein de promesses d’extérieur. Mais avant l’extérieur, il y a le hall … avec ses boîtes aux lettres dépareillées par des étiquettes cradingues, des cannettes de 50cl de mauvaise bière, des mégots, des crachats, des traces de chaussures sur les murs, la porte vitrée encore brisée…

Pardonnez mon ingratitude si j’oublie de mentionner de charmantes petites histoires que vous me faîtes quotidiennement subir apprécier et qui font tout le charme de la vie en communauté.

Sachez que je suis réellement navrée de ne pouvoir me rendre à cette pittoresque « Fête des
voisins » lors que laquelle nous aurions pu échanger gaiement sur toutes ces petites anecdotes pleines de tendresse ! Ma seule consolation sera de pouvoir, comme chaque jour, profiter de « vos bruits » qui me rappellent que non non, je ne suis pas seule, que vous êtes là, vous, amis voisins.

Dès 5H30 en effet, je pourrais entendre pendant une bonne vingtaine de minutes la sonnerie criarde d’un réveil à 2 étages de mon appartement. Vers 5H45, un roquet aboiera rageusement contre une porte qui claquera  à faire trembler les murs. A 6H, je sursauterais à un « putain, y’a plus de papier ! » colporté par notre tuyauterie. A 6H10, les même tuyaux me feront savoir que le chat de la dame du 9è a bien fait popo et que pour l’instant, les graviers passent encore dans ses toilettes. Entre 6H30 et 7H, j’entendrais hurler une cascades de  « TAIS TOI UN PEU ! » par des « parents » (je ne sais quel terme employer) à leurs progénitures non éduquées. Vers 7H10, je devrais fermer mes fenêtres pour ne pas entendre les conversations canines du carré d’herbe d’en bas de l’immeuble. A 7h20, des bouteilles de verre se briseront joyeusement dans le vide-ordures pendant 10 longs étages. A 7H30, il n’y aura que le grognement de mon chat et la plainte de la porte d’ascenseur tentant de se refermer sur un seau d’eau sale pour m’indiquer que l’homme de ménage a passé la serpillère car à 8H, il n’y paraîtra plus. A 8H déjà, ma voisine du dessus aura commencé à déménager ses meubles comme chaque jour et mon voisin de pallier aura déjà poussé sa femme à la crise de nerfs en foutant tout par-terre dans sa chambre, marquant sa préférence pour les objets en métal…

De cette « Fête des Voisins » à laquelle je ne pourrai malheureusement pas assister, je ne pourrai profiter, de 9H30 à 2H, que des douces effluves de merguez périmées frites à la margarine frelatée. La compagnie créole tentera en vain, par le biais de ses rythmes éculés crachotés par une sono de récup’, de me faire descendre pour que vous puissiez profiter de ma présence mais non mes amis, je ne descendrai pas. La seule descente à prévoir sera celle de la Police municipale qui devra tenter de séparer, entre deux pastis,  2 poivrots agressifs sous les rires de nos jeunes dealers.

Voilà chers voisins, sachez que c’est avec un profond regret que je me dois de décliner votre invitation. Ma santé mentale, que vous avez amoureusement érodée durant toutes ces années, ne me permet pas d’être des vôtres.

Cordialement.

                                                     Votre voisine reconnaissante

PS : S’il fait froid, n’hésitez pas à casser les portières de mon auto (c’est celle dont vous avez volé les roues) pour vous y réfugier, il serait dommage de renoncer à un barbecue pour seule raison de météo. Ne vous inquiétez pas du petit « tic-tac » accompagnant la pendule du tableau de bord, elle ne fonctionne plus très bien, elle ne fait que compter les secondes, c’est idiot mais je n’ai pas eu le temps de l’emmener faire réparer.

Surtout, allez-y nombreux et éclatez-vous !

Comments

[Poliblog]

De mon côté, je me réjouis de cette "mixité sociale" voulue par nos chers politiques, concept sans lequel il est probable que nous n'aurions jamais eu à côtoyer des vioques qui puent la mort, des boules humaines qui donnent l'impression qu'elles vont claquer à chaque pas, sans parler des gorets, cracheurs, incultes et polyinsupportables de tous poils, que nous n'avons la grande chance de croiser tous les jours que parce qu'on ne veut pas de tels rebuts de l'humanité dans des villes pas si éloignées comme Neuilly... Et je ne parle pas de la famille (le mot est-il encore adapté ?) de "cainfs" qui habite au rez-de-chaussée, à 47 ou 48 dans un cinq pièces : pour qui veut voir la vie en rose, leur présence nous permet de découvrir chaque jour de nouvelles tenues traditionnelles, de nouvelles manières de péter l'avant-bras ou de déboîter l'épaule d'un gosse qui ne suit pas assez vite aussi, et même de nouvelles odeurs, curieux mélange (jamais inintéressant) de plats typiques de pays lointains qui fleurent bon l'exotisme et d'odeurs... d'excréments bambinesques, dans lesquels nous ne devons pas oublier que nous serons bientôt plongés nous-mêmes ! Bref, vive les voisins et vive la fête des voisins ! Dommage, seulement, que nous n'ayons pas un fusil à lunette pour éclaircir un poil les rangs de tout ça. Ah, j'oubliais, la preuve que nos voisins sont hypra-cools, c'est que l'échappé de l'asile qui faisait de la menuiserie dans sa cave, torchant tout ce qui se trouvait dans la nôtre (qui est contigüe) avec de la sciure, a fini par arrêter ses conneries ! En manque de bois probablement... J'espère en tout cas que si ce balourd essaie de scier un arbre en lousdé la nuit pour s'en procurer, il se fera écraser la gueule par le tronc : ça fera un grand "sploutch", et ça aussi ce sera sympa à regarder et à entendre. Bref, vive tout ! Parce qu'il faut bien s'en accommoder. :)